TEXTES G.R.A.V.
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Nouvelle Tendance
Groupe de recherche d'art visuel,
Paris, mars 1962
Nous employons ce terme qui a déjà été utilisé à l'occasion de l'exposition « Nove Tendencije » de Zagreb en 1961. C'est un phénomène qui se produit chez les jeunes plasticiens d'une façon simultanée depuis quelques années et dans différents points du monde. Manifestations internationales et contacts partiels commencent à lui donner un caractère plus homogène. Les rapports chaque fois plus nombreux donnent une prise de conscience de ce qui est en train de prendre naissance dans les arts visuels.
La Nouvelle Tendance n'a pas un caractère définitif. Son évolution peut justement apporter de nouvelles façons de concevoir l'œuvre, de l'apprécier et de la placer dans la société. II s'en dégage une implicite considération critique vis-à-vis du panorama de l'art actuel.
Sur le plan des réalisations, une réaction naturelle se fait jour, d'une part, contre la situation stérile qui a fait suite a de légitimes révoltes et qui produit maintenant jour après jour des milliers d'œuvres qualifiées comme : abstraction lyrique, art informel, tachisme, etc., et, d'autre part, contre l'infructueuse prolongation d'un maniérisme attardé sur les formes géométriques et qui ne fait que répéter maintenant dans la plupart des cas, les propositions d'un Malevitch, d'un Mondrian. Considérons à part le courant actuel, néo-dada ou nouveau réalisme, qui provoque une certaine sympathie mais oblige à une analyse sévère. Une fois écarté l'aspect positif de son irrévérence vis-à-vis des traditionnelles considérations de beauté, apparaît en évidence la contradiction entre l'anti-art et l'effort pour redonner a l'objet un baptême artistique.
Evidemment, la Nouvelle Tendance, bien que réagissant contre ces courants, englobe encore certaines nuances qui en proviennent. On voit d'un coté une production nuancée d'art concret ou constructiviste, d'autre part une certaine trace de tachisme et quelques parentés avec le néo-dadaïsme. Cependant la Nouvelle Tendance est surtout la recherche de clarté. Sous cet angle, il faut placer la considération sur l'œuvre non définitive, la valorisation visuelle, l'appréciation en termes plus justes de « l'acte créateur », la transformation de l'activité plastique en recherche continuelle sans autre préoccupation que de mettre en évidence les premiers éléments pour une tout autre considération du phénomène artistique.
Sur le plan conceptuel, la nécessité de donner une primauté a la présence visuelle de l'œuvre s'impose, car presque tous les courants actuels ont du faire appel a des justifications extra visuelles, anecdotiques. (Ce chef-d’œuvre a été peint par l'artiste vêtu d'un costume de chevalier du Moyen Age en 1628; ou sur ce tableau a roulé une femme nue, ou encore ce bouton collé sur ce relief appartenait au valet d'un marchand de tableaux bien connu et avec lequel l'artiste n’est plus en rapport). Cet appel extra visuel, on le retrouve sous un autre aspect: en faisant appel a l'imagination du spectateur pour qu'il éprouve un plaisir intellectuel en sachant que cette boite fermée hermétiquement contient une ligne infinie ou de la merde de l'auteur (surtout ne pas ouvrir).
On retrouve toujours le même appel extra visuel, cette fois-ci chez les concrets, par exemple : pour tel tableau, dans lequel 6 lignes sont placées d'une façon irrégulière, le jeu hautement rationnel consiste a savoir que malgré la dissimilitude apparente de ces 6 lignes, toutes les 6 ont la même longueur. Sans rien dire de tous ceux qui, avec des formes géométriques ou irrégulières, essaient de créer un rapport anecdotique quelconque, qui s'exprime par des titres, tels que: Toute l'âme résumée..., ou Autoportrait déchiré, etc.
Tout cela est une proie facile pour des mystifications disparates et fait croire à un aveuglement collectif. Voila pourquoi le besoin de clarté et la volonté de mettre l'accent sur la présence visuelle de l'œuvre peut être la caractéristique la plus importante de la Nouvelle Tendance.
Groupe de recherche d'art visuel, Paris, mars 1962
Nueva Tendencia
París, abril de 1962. GRAV.
Empleamos este término que ya fue utilizado en ocasión de la exposición "Nove Tendencije" de Zagreb en 1961. Es un fenómeno que se produce entre los jóvenes plásticos de una manera simultánea desde hace algunos años y en diferentes partes del mundo. Manifestaciones internacionales y contactos parciales comienzan a darle un carácter más homogéneo. Las relaciones cada vez más numerosas dan una toma de conciencia de lo que está naciendo en las artes visuales.
La nueva tendencia no tiene carácter definitivo. Su evolución puede justamente aportar nuevas formas de concebir la obra, de apreciarla y ubicarla en la sociedad. De eso se desprende una consideración implícita crítica frente a todo el panorama del arte actual. En el plano de las realizaciones se abre paso una reacción natural, por una parte contra la situación estéril que ha seguido a las legítimas revueltas y que ahora produce día tras día millares de obras calificadas como: abstracción lirica, arte informal, tachismo, etc.... y, por otra parte, contra la infructuosa prolongación de un manifiesto tardío sobre las formas geométricas y que no hace en la mayoría de los casos sino repetir ahora las proposiciones de Malevich de Mondrian. Consideremos aparte la corriente actual, neo-dada o nuevo realismo, que provoca una cierta simpatía, pero obliga a un severo análisis. Una vez descartado el aspecto positivo de su irreverencia frente a las consideraciones tradicionales de belleza, se pone en evidencia la contradicción entre el anti-arte y el esfuerzo por dar al objeto un bautismo artístico.
Evidentemente, la nueva tendencia, aunque reaccionando contra esas corrientes, engloba todavía ciertos matices que provienen de ellas. Se ve por un lado una producción matizada de arte concreto o constructivista, por otra parte un cierto rastro de tachismo y algunos parentescos con el neo-dadaismo. Sin embargo, la nueva tendencia es, sobre todo, la búsqueda de claridad. Es bajo este ángulo que se debe considerar la obra no definitiva, la valoración visual, la apreciación en términos más justos del "acto creador", la transformación de la actividad plástica en búsqueda continua sin otra preocupación que poner en evidencia los primeros elementos por una consideración completamente distinta del fenómeno artístico.
Sobre el plano conceptual, se impone la necesidad de dar primacía a la presencia visual de la obra, puesto que en casi todas las corrientes actuales han debido recurrir a justificaciones extravisuales, anecdóticas (esta obra de arte ha sido pintada por el artista vestido con un traje de caballero de la Edad Media en 1688 o sobre este cuadro ha rodado una mujer desnuda, e incluso: este botón pegado sobre este relieve pertenecía al valet de un comerciante de cuadros bien conocido y con el cual el artista ya no tiene relación). Se encuentra esta llamada extravisual bajo otro aspecto: apelando a la imaginación de espectador para que experimente un placer intelectual sabiendo que esta caja cerrada herméticamente contiene una línea infinita o mierda del autor (sobre todo, no abrir). Encontramos siempre la misma llamada extravisual, esta vez con los "concretos", por ejemplo: para tal cuadro, en el cual seis líneas están colocadas en una forma irregular, el juego altamente racional consiste en saber que a pesar de la disimilitud aparente de esas seis líneas, las seis tienen el mismo largo. Sin decir nada de todo aquello que, con formas geométricas o irregulares, tratan de crear una relación anecdótica cualquiera, que se expresa en los títulos, tales como: "toda el alma resumida...", o "autorretrato desgarrado", etc.
Todo esto es una proa fácil para mitificaciones disparatadas y hacer creer en una ceguera colectiva. He aquí por qué la necesidad de clarificar y la voluntad de poner el acento sobre el hecho de que la presencia visual de la obra puede ser la característica más importante de la nueva tendencia.
París, abril de 1962. GRAV.
ATELIER LE PARC - 2014