Pour chattes de luxe

 

Julien Alvard, "La révolution culturelle" Le Nouvel Observateur, 23 novembre 1966.

 

 

Si insistant, si laborieux, si peu romantique que puisse titre l'effort d'un groupe comme celui du Centre de recherches visuelles, on ne peut cependant méconnaitre ce qu'on voit.

 

La double exposition de Le Parc chez Denise-René fait découvrir que le prix de la Biennale a été attribue avec juste raison. A l'exception des lunettes auxquelles je suis décidément allergique, j'ai découvert dans les grands cercles éclairés en lumière frisante une qualité qui aurait été, ii y a cent ans, celle d'un dessinateur à la mine de plomb. Rien ne heurte les yeux, rien ne blesse le regard comme cela se produit si souvent, la lumière se déplace comme une estompe variant indéfiniment le projet et s'adjoignant le rythme un peu hésitant des lanternes magiques. Le plus saisissant des procédés de Le Parc est celui qui consiste à mettre des lames souples sur de larges surfaces blanches et a les faire se galber en lumière latérale. C'est une leçon de félinité pour chattes de luxe. II se crée ainsi de la beauté pure dont on ne pourrait parler qu'en jargon musical, mieux vaut s'en abstenir et conseiller d'aller voir. Voir c'est déjà penser.