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Mouvement-surprise

 

Ce n'est que vers 1964 que j'achetais mes premiers micromoteurs.

Au début de mes expériences et sachant que je pouvais trouver des solutions à la mesure de mes possibilités financières, des raisons économiques m'avaient empêché de faire de tels investissements! Bien que je me sois toujours posé des problèmes un peu au-dessus de mes possibilités, la solution n'était jamais à ce point hors de portée pour me faire abandonner un projet, ni même pour constituer un alibi et ne rien faire ! Dès que je disposai d'un micromoteur, je réalisai des essais, ainsi qu'un grand nombre d'expériences, tandis que le spectre de Tinguely était toujours présent dans mon travail.

Très vite, je vis la possibilité de grouper quelques-unes de ces expériences et les soumettre à un spectateur statique qui pouvait, comme par surprise, en appuyant sur un interrupteur, constater le changement d'état opéré par la soudaine mise en mouvement qu'accompagnait presque toujours une émission sonore.

 

La participation du spectateur ne se limitait pas à appuyer sur un bouton. La surprise provoquait un dégel de son attitude traditionnelle, généralement plus respectueuse face à " l'Art " qui obligeait à garder ses distances ! Ici, une familiarité s'établissait entre l'ensemble des mouvements-surprises et le spectateur, ce qui lui permettait d'adopter aussitôt un comportement actif et varie. Non seulement grâce à la découverte du rapport entre les boutons interrupteurs et les différents thèmes, mais aussi par le fait de pouvoir les faire fonctionner aussi bien l'un après l'autre, que plusieurs à la fois.

 

L'expérience " miroir en vibration " se rattache à la même série. II s'agit d'une plaque suspendue en aluminium poli de 2 x 0,5 m qui reflète, quand elle est immobile, l'image de celui qui regarde. Lorsque celui-ci appuie sur un bouton placé devant la plaque, un moteur la met en mouvement pour la rendre alternativement concave et convexe, de sorte que le reflet du spectateur se rapetisse et s'agrandit alternativement, ce qui ne manque pas de déclencher une certaine hilarité, tandis que les autres spectateurs sont déformés à leur tour, après avoir vu l'image déformée du premier qui s'est risqué à appuyer sur le bouton!

 

Parallèlement, d'autres jeux à manipulation ont été réalisés sans moteur. Le spectateur lui-même déclenche le mouvement en faisant vibrer de petites boules suspendues ou bien en faisant tourner rapidement une trame blanche et noire ou encore en lançant une balle rouge suspendue à un ressort sur une trame horizontale blanche et noire Dans ce dernier cas, celui qui suit la belle de ses yeux subit des perturbations visuelles par rapport à la trame du fond, et, s'il fixe au contraire la trame, c'est la balle qui provoque des perturbations. Ces éléments, et d'autres du même type, ont été utilisés de diverses manières dans les salles de jeu réalisées par le G.R.A.V. dont les prémices étaient déjà présentés à la Biennale de Paris de 1963. Dans la salle de jeu avait été disposé ce qu'on appelait des " éléments à essayer tels que les " sièges à ressort ", une espèce de banc monté sur un gros ressort qui, cédant sous le poids du spectateur surpris, le conduit à se retrouver assis par terre! La douzaine de " lunettes à vision autre " perturbe la vision normale de la réalité, tour à tour fractionnée, superposée, multipliée, inversée, coloriée, déformée, etc.

 

Les " Miroirs ", comme les lunettes, incorporent la réalité environnante. Ce jeu de miroirs part d'une réflexion normale de l'image qui se fractionne et se multiplie progressivement. Les " chaussures pour une démarche différente " exigent une participation physique plus évidente de celui qui, chaussant, doit réadapter sa façon de marcher, cessant d'être spectateur, pour devenir l'élément à regarder!

 

Sur le même principe de participation physique se sont ajoutés d'autres jeux tels que: sol instable, jeu d'équilibre, jeu de corde à ressort, ce dernier en souvenir d'un spectacle de Savary. Ces éléments sans usage ne présentent aucun intérêt. Le seul phénomène intéressant que j'aie pu constater à l'occasion de leur présentation, c'est que les spectateurs, sans aucune demande orale ou écrite, trouvent d'eux-mêmes le moyen de les utiliser. Parfois ils inventent collectivement un rapport particulier entre eux, comme entre eux et les éléments mis à leur disposition.

 

A l'origine de l' " ensemble pour faire du bruit " se situe une petite expérience réalisée avec Morellet et Stein en 1964 pour l'exposition " Nouvelles Tendances " à Paris. J'avais place une plaque métallique suspendue et renfermée dans une boîte de sorte que le spectateur ne puisse voir qu'une poignée au bout d'une corde qui sortait de la boîte: en tirant sur cette poignée, la plaque se met à vibrer et produit un bruit de tonnerre ! Au début de 1969, dans une salle de jeu d'une exposition personnelle, je présentai un ensemble d'éléments pour faire du bruit que le public pouvait utiliser à sa guise, en combinant ou non les bruits. Un microphone placé dans les lieux recueillait les sons et les diffusait, soit simplement amplifiés, soit combinés, avec la collaboration d'un musicien électronique, le tout retransmis avec quelques secondes de retard et à des fréquences différentes.

 

 

Its only around 1964 I could buy my first micro-engine; at the start of my experiments knowing I could find solutions towards my financial possibilities, and economic reasons had prevented me from such investments. Although facing problems above my possibilities, the solution was never too far to reach to make me stop a project or to have the alibi to stop my work. As soon as got the micro engine, I realized some testes as well as many experiments; while the spectrum of Tinguely was always present in my work, very quick I saw the possibilities to gather some of those experiments and submit them to a static viewer who could by surprise switching a button and realized the change operated by a sudden movement which always was followed by a sound.

 

The participation of the viewer was not limited by a switch. The surprise prorogued a melting in his traditional attitude, generally with more respect towards Art, and forced him to keep his distance here, there was a familiarity between the ensemble of the movement-surprise and the viewer, which enabled him to have an active and multiple behavior. This was possible because of the buttons and the different themes and also the fact that he could make them functioned, one after the other or all at the same time.

 

The experiment “mirror in vibration” is attached to the same series; it’s about a suspended polished aluminum slate of 2 x 0,5 m which reflects when static, an image of the viewer. When he switches on the button on the slate, an engine moves it and distorts it, concave or convex, so the reflection of the viewer is alternatively reduced or increased; this doesn’t fail to prorogued hilarity while other viewer are deformed too after they saw the first distorted images of the one who press the button!

 

In parallel, other games with manipulation were realized with no engine; the viewer himself started the movement while vibrating some small suspended balls, or made a black and white canvas turned, or threw a suspended red ball on a spring on an black and white screen; In the later case the one who follows the ball with his eyes has visual distortions because of the background but if it follows the screen, it was the ball which creates distortions.

Those elements and other have been used in different manners, and the game room realized by the GRAV, whose first step were already presented at the Biennale at Paris in 1963.

 

In the game room was presented what we call elements to be experienced, like the spring chairs /sort of bench set on a huge spring which under the weight of the surprised participant, ended up on the floor!; a dozen of “glasses with other visions”, distorted the view of reality, fractioned it, surimposed it, multiplied it, inverted it, collared it, etc….

 

The mirrors like glasses include the surrounding reality. This game of mirror starts from a normal reflections of the image, which slits and multiplies gradually. "The shoes of different steps” are asking a more physical involvement of the viewer and he must adapt his way of going, stopping, being a viewer but also the elements to be looked at.

 

On the same principal of physical participation were made more games such as: unstable ground, balance game, game of rope with spring, this latest in memory of Savary’s show. Those elements without use are without interests. The only phenomenon I could see when there were presented was the viewer who without any given orders could find themselves how to use those games. Sometimes they invented collectively a special relation between them and the given elements.

At the start of the “ensemble to make noise” is a little experiment, I did with Morellet and Stein in 1964 for the exhibition”NouvellesTendances” in Paris: I placed a suspended metallic slate in a little box, from who the viewer could only see a little handle hanging from a string out of the box; when pulled, the slate starts to vibrate and make a sound of thunder. In early 1969, in a game room for a personal exhibition, I presented a set of elements to produce sounds, the public could uses freely, combining or not the noises. There was a microphone which gathered all the sounds and then broadcasted them or amplified them, with the collaboration of an electronic musician; the whole sound was retransmitted with a second of delay with different frequencies.

 

 

Movimiento-sorpresa

 

Fue alrededor de 1964 cuando compré algunos micros motores. Al comienzo de mis experiencias, razones económicas me habían impedido de hacerlo, aunque yo sabía que podía encontrar soluciones a la medida de mis posibilidades. Si bien siempre me planteaba problemas un poco más allá de mis posibilidades para resolverlos, la solución no era nunca tan lejana como para justificar el abandono del proyecto, constituyendo así una coartada para no hacer nada. Así cuando dispuse de micros motores comencé a realizar ensayos y una gran cantidad de experiencias fueron posibles, aunque el espectro de Tinguely estaba siempre

Vi inmediatamente la posibilidad de agrupar algunas de esas experiencias y de someterlas al espectador, el cual, sorprendido al ponerlas en movimiento apoyando en interruptores, constataba la diferencia entre el elemento estático y el elemento en movimiento, el cual iba acompañado del ruido que provocaba.

 

La participación no se limitaba a apoyar un botón. El factor sorpresa provocaba un deshielo en el espectador. Una familiaridad se establecía así entre el conjunto de los movimientos-sorpresas y el espectador provocando un comportamiento activo y diverso. Primero es el descubrimiento por el espectador de la relación entre los botones interruptores y los diferentes temas, luego poder a partir de ellos de provocar los movimientos durante el tiempo deseado ya sea haciéndolo uno después de otro o combinándolos varios a la vez.

 

A esta misma serie de experiencias corresponde el "espejo en vibración" que es una placa de metal pulido de 200 x 50 que refleja cuando ella está quieta la imagen del que la mira. Cuando este apoya el interruptor que está en un pequeño zócalo delante de la placa, un motor imprime a ésta un movimiento de vaivén que la hace alternativamente cóncava y convexa, de manera que el reflejo del espectador se achica y se agranda sucesivamente, lo cual provoca la hilaridad del que apoya el interruptor y de los que están a su lado que son también, en el reflejo, deformados por la placa de metal en movimiento. Paralelamente realicé en esa época otras experiencias de la misma índole pero sin motor. Se trataba de juegos con elementos para manipular. El espectador provocaba el movimiento ya sea haciendo vibrar pequeñas pelotitas suspendidas, ya sea haciendo girar rápidamente una trama blanca y negra, ya sea poniendo en movimiento una pelota roja suspendida de un resorte delante de una trama horizontal blanca y negra. En este último caso, si se sigue el movimiento vertical de la pelota roja suspendida del resorte, es la trama de fondo que provoca perturbaciones visuales, y si fija la mirada en el fondo es la pelota roja la que las provoca.

 

Estos elementos y otros parecidos fueron utilizados de diversas maneras en las salas de juego realizadas por el GRAV, su embrión estaba ya en la Bienal de París en 1963.

 

Corresponde al espíritu de la sala de juego lo que llamo «elementos a ensayar», por ejemplo: bancos con resortes, una especie de banco montado sobre un grueso resorte que cede bajo el peso de la persona que trata de sentarse, la cual, sorprendida, puede ir a parar al suelo; "anteojos para visión diferente", se trata de una docena de anteojos trucados de diferentes maneras perturbando la visión normal de la realidad:

fraccionándola, superponiendo los elementos de ella, multiplicándolos, dándolos vuelta, agregándole colores, deformándolos, etcétera; "espejos", como en los anteojos, se trata de incorporar la realidad circundante, este juego de espejos parte de un reflejo normal de la imagen que va fraccionándose y multiplicando progresivamente; "zapatos para caminar diferentemente", aquí la participación física es más evidente y aquel que los ensaya adapta su manera de caminar a los zapatos que le impiden hacerlo normalmente ya sea porque ellos están montados sobre resortes o que son muy pesados o que están montados sobre tubos y así él deja de ser espectador y deviene elemento a observar.

 

En base a este principio de participación física fueron hechos otros juegos tales como: "suelo inestable", "juego de equilibrio", "juego con cuerda suspendida con un resorte", este último en recuerdo de un espectáculo de Savary. Estos elementos sin uso no presentan ningún interés. Lo interesante que se podía constatar a la ocasión de su presentación era que sin ningún pedido ni información verbal o escrita, los espectadores descubrían ellos mismos la manera de usarlos y en algunos casos inventaban colectivamente una relación particular entre ellos y entre ellos y los elementos propuestos.

 

Al origen del "conjunto para hacer ruido" se sitúa una pequeña experiencia que hice con Morellet y Stein en 1964 para el laberinto de la exposición "NouvelleTendance" en París. Había puesto una placa metálica colgada y encerrada en una caja de la cual salía una cuerda con una manilla. Tirando de esta manilla la placa se ponía a vibrar produciendo el ruido clásico del trueno.

 

Al comienzo de 1969, en una sala de juego de una exposición personal, presenté un conjunto de elementos para hacer ruido que el público utilizaba como le parecía combinando o no los ruidos. Un micrófono puesto en el lugar recogía el sonido y los difundía por medio de altavoces en las salas, ya sea simplemente amplificado, ya sea combinado con la colaboración de un músico electrónico que los retransmitía con algunos segundos de retraso y en frecuencias diferentes.

 

ATELIER LE PARC - 2014